Coco la Bulle se demande si vous êtes comme elle, mais quand elle voit des gens pour la première fois son réflexe est toujours de regarder…leurs pieds. Donc le sujet du jour, dans un tout autre genre que
celui d’hier), va encore être : les chaussures.
Car la chaussure en dit long sur une personne. Et un ratage peut corrompre toute une tenue…
Vous pouvez avoir un pull moyen, un sac moyen, une jupe moyenne, voire un manteau moyen, si vos chaussures sont moyennes là, ça ne passe pas.
Dans le train, dans la rue, quand on lui présente quelqu’un, le coup d’œil de Coco fait systématiquement une plongée vers les pieds. Et là, parfois, ça casse.
Il y a le monsieur quinqua super chic, cadre supérieur (voire aristo en plus, là c’est la totale car en plus il a la chevalière avec les armoiries de la famille) : lui, en général, il porte des Weston (voire mieux) avec une boucle ou avec des petits glands qui sautillent (un sommet d’horreur). Le costume a beau être beau, les pompes à boucle ou à pompons, Coco ne peut pas, ça la bloque.
Il y a la business woman en tailleur, col roulé et collier de perles (mais si, ça existe toujours, et en nombre), qui s’est perchée sur des bottes informes et ne sait pas marcher avec, alors quand elle avance elle a le menton en avant et les fesses en arrière, comme un hiéroglyphe égyptien.
Il y a la jeune fille qui débute, qui s’est achetée sa jolie tenue chez Zara pour faire sérieux et qui a ajouté des escarpins Zara aussi : erreur fatale, les talons de 10 cm lui scient le pied et son sourire crispé ne fait qu’ajouter à la douleur que l’on ressent pour elle.
Il y a la nana qui s’en fiche totalement, moulée dans un truc genre karting tergal kaki, avec un pull beigeasse, le cheveu filasse et aux pieds des tatanes fadasses marronnasses avec des talons carrés écrase-machin (et le bout carré aussi, ne pas oublier).
Il y a la démodée qui se veut chic, mais dont le dressing n’a pas évolué depuis 1985, date du début de sa carrière : vestes épaulées flashy, carrés Hermès d’un autre âge et mocassins compensés Kélian d’il y a ving-cinq ans (ça dure, ces choses-là, faut rentabiliser).
Il y a le jeune chef de produit aux dents longues qui a fait une école de commerce, qui porte le costume à la dernière mode, pantalon très près du corps et veste cintrée, et dont les chaussures sont si longues et pointues qu’on le croirait sorti d’un film en costumes, époque troubadour et
poulaines.
Il y a la bobo parisienne dans toute sa splendeur, manteau Bas&H, tunique Isabelle Marant, jean ACNE, bottes Z&V et sac Paul & Joe, qui traîne sa dégaine un rien condescendante et fait des mines blasées quel que soit le sujet.
Il y a l’informaticien, costume indéfinissable et chaussettes blanches (oui, il y en a toujours), chaussures tartouilles et molles sorties d’on ne sait où.
Il y a la commerciale pimpante, décolleté pigeonnant et poitrine déballée sur le bureau, perchée sur des talons Halle aux Chaussures et sourire à l’avenant.
Il y a le type en sabots Crocs avec des chaussettes dedans (voire des guêtres, oui, les Crocs à guêtres, ça existe aussi, quel drame).
Il y a la dame au tricot qui porte des trucs semblant tout droit sortis d’un catalogue Damart, sauf que ce sont (a priori puisqu’elle les a aux pieds) des chaussures.
Il y a la minette en mini-short, mini-pull et mini-blouson et en Uggs fourrées (sorry pour le H, Cécile, merci), des fois qu’elle aurait froid.
Il y a les femmes qui sortent leurs sandales ouvertes dès les premiers soleils, genre fin mars, alors qu’elles ont oublié que leurs ongles de pieds étaient encore à l’heure d’hiver (
là c’est vraiment très laid, beurk).
Il y a les ascètes qui passent l’hiver en chaussures de moine, et ceux qui portent dès les beaux jours de superbes sandales à scratch dans lesquelles ils sont avec ou sans chaussettes blanches selon la température.
Il y a la tribu versaillaise avec la maman chaussée de mocassins (et vêtue d’un pantacourt et d’une veste matelassée bleu marine, cela va sans dire), + ses 7 fillettes de 2 à 12 ans toutes chaussées de Start-Rite.
Enfin, pour finir cet inventaire qui ne prétend pas être exhaustif, il y a les adeptes de la Méphisto.
Ne vous méprenez pas : quand on a un certain âge, que les pieds sont fatigués d’avoir marché et supporté des chaussures rigides toute une vie de labeur, il est légitime de passer aux chaussures-chaussons. Et vu ce que Coco inflige à ses pieds, elle sera peut-être contrainte un jour d’y arriver (ah, d’ici là peut-être que Freelance fera des chaussures pour seniors ?).
Il n’est pas ici question des charmants papis et mamies portant des Méphisto, mais bien des autres, les quadras et quinquas qui infligent cette vision esthétiquement insupportable à leurs congénères. Méphisto marron, noires, Méphisto ouvertes ou fermées…qu’importe la forme et la couleur, c’est d’une laideur à couper le souffle. Coco détourne le regard, ça lui fait mal. Mal aux yeux. Et tant pis si, au même moment et en face du porteur de chaussures-chaussons elle souffre le martyre dans ses nouvelles bottines pointues à talon de 8 cm, elle ne s’y fait pas. Tant qu’elle a un semblant de dignité, la Méphisto ne passera pas par elle. C’est dit.